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đź“» Radio'Paradise
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Vivre ma vie

Deuxième journĂ©e Ă  la maison. J’ai de la chance : Florence reçoit un appel de son travail. Elle a pris quelques jours de congĂ©, mais garde un lien quotidien avec ses collaborateurs. Elle se rend donc Ă  son bureau et je remercie le ciel d’avoir provoquĂ© cette absence qui va me permettre de tenter un nouvel exercice. La facilitĂ© avec laquelle j’ai pu aller aux toilettes hier soir m’a donnĂ© des idĂ©es.
Quand Florence est partie, je me lève lentement, en faisant bien attention de ne pas laisser le poids de mon côté droit m’emporter. Je réussis assez facilement à me mettre sur mes jambes pour aller aux toilettes. Appuyé contre la cloison, je n’ai qu’à faire glisser mes pieds sur le plancher. C’est très simple avec la jambe gauche, mais l’autre renâcle et n’en fait toujours qu’à sa guise. Ou elle part loin en avant ou alors, elle se déplace de quelques centimètres seulement. L’ordre donné par mon cerveau arrive déformé aux muscles. Mais je progresse lentement et réussis à revenir dans ma chambre sans m’étaler sur le carrelage. C’est déjà un immense progrès, d’autres suivront puisque j’en ai la volonté.
L’aller-retour m’a pris un bon quart d’heure. Une fois assis sur mon lit, rayonnant de bonheur, je passe à la deuxième partie de mon programme. Avant de partir, Florence a déposé un bloc de papier et un stylo sur ma table de nuit. J’ai la chance d’être pratiquement ambidextre et grâce à mes activités artistiques et musicales, je sais faire beaucoup de choses avec la main gauche. Mais ce n’est pas l’objectif. La main droite ne s’ouvre pas malgré mon ordre, comme si elle était une main étrangère à ma personne.
Le coude glisse sur la couverture. Je dĂ©plie un Ă  un les doigts et cette opĂ©ration simple se rĂ©alise dans un dĂ©sordre total. Ce n’est pas mon cerveau qui les commande. Ma main qui doit jouer les mĂ©lodies au piano, et qui doit tenir le pinceau, est devenue un animal indomptable ! Je lui donne l’ordre de prendre le stylo mais il reste inerte. Je pense de toutes mes forces Ă  ce geste simple Ă  la portĂ©e d’un nourrisson de six mois : prendre et tenir dans ses doigts un morceau de plastique de moins d’un centimètre de diamètre. Allez foutue main, vas-tu m’obĂ©ir !
Ma pensĂ©e est entièrement fixĂ©e sur mes doigts. Je place le stylo entre le pouce et l’index. Victoire ? Non, pas encore, la main ne dĂ©colle toujours pas de la couverture et le stylo retombe. Ne cĂ©dons pas Ă  l’énervement et recommençons ! Je respire un bon coup.
C’est alors qu’une voix en moi me dit :

J’ai pu tracer maladroitement quatre lettres, c’est une dĂ©jĂ  une victoire. Je m’en tiens lĂ  pour ce matin. Florence arrive apportant de quoi prĂ©parer Ă  manger. Elle est très heureuse de constater que je me suis entrainĂ© Ă  Ă©crire et que j’ai pu me rendre seul aux toilettes. Prochain objectif : l’escalier qui conduit Ă  l’étage oĂą vit la famille. Mais cela demande rĂ©flexion, car je risque de commettre des fautes irrĂ©parables, de me blesser ou de briser dĂ©finitivement les connexions qui existent toujours, malgrĂ© mon hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale, entre mon cerveau et la partie insensible de mon corps. Je passe l’après midi avec Florence qui me parle de son travail. Dehors, il fait beau ; j’aimerais tant sortir, mais ce n’est pas encore le moment.
Nicolas rentre vers onze heures. Il se dit assez fort pour m’aider seul Ă  monter Ă  l’étage, ce que nous entreprenons. Et cela se passe bien. Mes membres rĂ©agissent mieux que la veille et tout en restant appuyĂ© contre le mur, je peux pousser sur ma jambe gauche. Nicolas est radieux :
« VoilĂ  que tu vas bientĂ´t courir un cent mètres ! Â»
A l’étage de vie, la lumière est plus intense qu’en bas. L’été naissant entre par la fenêtre ouverte et je savoure les bonnes odeurs du jardin, j’écoute chanter les oiseaux, je suis du regard les évolutions du merle et de deux tourterelles, toute cette vie grouillante me fait apprécier la mienne malgré les épreuves.

La soirĂ©e, la troisième depuis mon retour de l’hĂ´pital, est joyeuse chez les « Hilger du Clos Bourgoin Â». Les enfants plaisantent, RaphaĂ«l joue du violoncelle, Nicolas de son tuba et Constantin rĂ©vise son solfège avec moi. Alexandre, qui fait souvent bande Ă  part, profite que nous soyons Ă  l’étage pour descendre jouer du piano et souffler dans son saxophone. Il n’aime pas jouer en public et redoute mes observations. Ce soir, contrairement Ă  mes habitudes, je me garde bien de faire les moindres remarques Ă  mes apprentis musiciens. On oublie Ă  cet instant que je suis un grand malade et tout se passe comme si j’étais redevenu normal. Je parle de mes projets, du double concerto que je commence Ă  Ă©tudier et que je joue et rĂ©vise dans ma tĂŞte, j’élabore des projets pour mes quintettes Ă  cordes, mes Ă©lèves et mes choristes.
« Tout Ă©tait fait pour me laisser la libertĂ© d’être malade Â», dis-je en riant. Â« L’AcadĂ©mie des Arts ferme ses portes sur dĂ©cision du maire de Thiais, alors que nous sommes fin mai, afin d’effectuer d’énormes travaux, donc personne ne s’apercevra de mon absence et surtout de la gravitĂ© de ma situation, puisque, je reprendrai les cours Ă  la rentrĂ©e fixĂ©e au mois de novembre Â».
L’agrandissement ne pouvant se faire pendant les mois d’été, il a été décidé de fermer de mai à la fin octobre.

Le lendemain après midi, quatrième jour de ma rééducation, Florence décide, une nouvelle fois, de se rendre à son bureau. Elle ne sera pas absente plus de deux heures, mais cela suffit pour tenter un nouveau défi et j’imagine sa tête quand elle va découvrir mon exploit.
Me lever et me déplacer en m’appuyant contre la cloison ne me pose plus autant de difficultés même si je suis courbaturé. Dans le couloir, je m’arrête devant ma pièce de musique. En face, le piano me montre ses dents blanches et noires et semble m’inviter, le beau vernis brun de mon alto brille à un rayon de soleil. C’est d’eux que je rêve. Il va bien falloir que je les approche, mais pour l’instant je suis encore dans le doute. La musique demande une telle finesse de geste que je préfère attendre. Donc, direction l’escalier pour une ascension risquée, sans corde de rappel.
Depuis ma dernière « renaissance Â», depuis que je tente de reconquĂ©rir mon autonomie, j’ai l’impression qu’une force profonde, un ĂŞtre enfoui au fond de moi-mĂŞme me dicte ce que je dois faire et surtout ce que je dois Ă©viter. Et lĂ , il m’invite Ă  la prudence. Je dois prendre le temps de rĂ©flĂ©chir Ă  la manière de poser mon pied gauche sur la première marche. Et d’ailleurs, pourquoi le pied gauche plutĂ´t que le droit qui ne sent rien ? RĂ©flĂ©chissons pour ne pas faire n’importe quoi : dois-je monter debout, avec la force de mon cĂ´tĂ© valide ou Ă  quatre pattes, comme le ferait un tout petit enfant ? La question mĂ©rite que je m’y attarde. Monter en animal ne serait pas dĂ©shonorant pour le revenant que je suis. L’objectif reste d’atteindre le second palier quelle que soit la manière d’y arriver.
Chaque dĂ©cision ne peut ĂŞtre prise sans de vĂ©ritables raisons. Il est essentiel d’en mesurer les consĂ©quences, mĂŞme si mon cĂ´tĂ© frondeur me fait souvent choisir la solution la plus risquĂ©e. Je vais monter debout, en me tenant aux murs avec la main gauche qui est assez solide pour m’empĂŞcher de basculer. J’y vais ! Une pensĂ©e Ă  Dieu qui doit me regarder et peut-ĂŞtre se marrer devant le ridicule d’un homme grand et costaud hĂ©sitant devant une petite marche de quinze centimètres de haut. Je rĂ©flĂ©chis encore un peu pour dĂ©terminer avec logique quel pied je vais poser le premier, le droit lourd et insensible ou le gauche, lĂ©ger et plein de bonne volontĂ© ?
Faisons un essai pour rien ! Je fais basculer le poids de mon corps sur le pied insensible qui rĂ©siste Ă  la pression, puis soulève lentement le gauche pour atteindre la marche. Et lĂ , au milieu de cette opĂ©ration Ă  grands risques, voilĂ  que le pied porteur s’affaisse, devient mou et sans rĂ©action. Je flĂ©chis, manque m’étaler. Ce n’était donc pas une bonne idĂ©e ; recommençons autrement. Ordre est donnĂ© Ă  la jambe droite de se plier au genou et de soulever le pied sans pantoufle (tiens, j’aurais dĂ» y penser, les chaussettes vont glisser sur le bois cirĂ© !) Et ça marche. Pour une fois, peut-ĂŞtre la première, ma moitiĂ© insensible obĂ©it Ă  l’autre moitiĂ©. Le geste est un peu exagĂ©rĂ© puisque le genou se plie Ă  l’équerre, mais me voilĂ  avec un appui sur la première marche. Dans un mouvement rĂ©gulier pour ne provoquer aucune catastrophe, je porte tout le poids dans mon bras gauche appuyĂ© contre le mur. Et me voilĂ  enfin rĂ©tabli sur la première marche, prĂŞt Ă  affronter la suite. Une rĂ©ussite incroyable, formidable ! Je suis en nage, mais je savoure cet instant. En rĂ©ussissant Ă  me hisser de quinze centimètres, je viens de faire un pas de gĂ©ant. Me voilĂ  enfin redevenu bipède !
En avant pour la seconde marche ! Il en reste 14, mais je ne veux pas y penser. A chaque instant sa peine ! Ma technique semble au point. Je rĂ©ussis Ă  gravir le deuxième obstacle et attaque le troisième avec un enthousiasme qui me fait multiplier les imprudences. Le plus difficile est Ă  venir car l’escalier fait un coude, un virage sur la droite. Je remarque aussi qu’aucune marche n’a la mĂŞme hauteur. Quelques centimètres de rien qui suffisent Ă  compliquer l’opĂ©ration. Au tournant, je rĂ©flĂ©chis un long moment en reprenant mon souffle. J’ai peur, je me crispe et le vertige me gagne. Je suis comme un sportif Ă  court de force au milieu d’un marathon, car cette première moitiĂ© de l’escalier m’a bien pris dix minutes mĂŞme si je n’ai pas vu le temps passer.
A droite, les marches se resserrent en pointes, compliquant considĂ©rablement ma progression. Dois-je changer de cĂ´tĂ© ou conserver la sĂ©curitĂ© du muret qui me retiendra en cas de pĂ©pin ? Je choisis de rester lĂ  et surtout de ne pas prendre de risque dans un dĂ©placement latĂ©ral de quelques dĂ©cimètres, une immensitĂ© pour moi. Mais ce n’est pas simple ! L’espace manque pour soulever ma jambe insensible. Parfois, elle monte trop et je dois lui intimer l’ordre de redescendre ce qu’elle fait sans s’arrĂŞter Ă  la bonne hauteur de la planche horizontale, parfois, elle reste suspendue Ă  quelques centimètres de la partie plane oĂą le pied doit s’appuyer. Ce n’est pas simple d’être dĂ©sobĂ©i par soi-mĂŞme.
Pourtant, Ă  force d’insister, je rĂ©ussis la première opĂ©ration qui consiste Ă  rĂ©tablir tout mon poids sur la partie Ă©troite de la planche cirĂ©e. EncouragĂ©, je continue. Ma jambe lourde se soulève, le pied accroche le rebord de la marche s’y cramponne, et je fais basculer une partie de mon poids dessus en m’appuyant sur le mur Ă  ma gauche. Panique Ă  bord : le pied glisse, je perds l’équilibre, ma main gauche ripe sur le mur lisse et la main droite moribonde ne peut me retenir au muret de droite. Je m’étale de tout mon long dans l’escalier. Mon front heurte une marche plus haut et je roule jusqu’au bas. Me voilĂ  Ă©tendu sur le carrelage froid du couloir avec une violente douleur Ă  la cheville gauche. Je peste. Mon esprit sombre dans une nuit froide. Mes pensĂ©es restent bloquĂ©es sur l’impossibilitĂ© d’escalader cet escalier et donc accĂ©der Ă  la partie de la maison oĂą la famille vit, parle, rit, fait de la musique lors des fĂŞtes que l’on y organise.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi prostré, incapable de bouger. Un sourd désespoir m’anéantit. J’ai cru que je pouvais faire ma rééducation sans l’aide de personne, je me suis surestimé une fois de plus. Un filet de sang coule sur mon front et serpente le long de ma joue, chaud, marque de mon incapacité.
« Pour lui, le violon, c’est bien fini ! Â» L’aiguillon de cette phrase me pique au plus sensible de mon ĂŞtre. Je me rebelle. Avec ma foi, la hargne qui m’habite, je renverserai la montagne, mĂŞme si cette montagne n’est qu’un modeste escalier de 15 marches. Je me redresse farouchement et je me traine vers la salle de bain contigĂĽe aux escaliers. Je recommence Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  analyser humblement les causes de ma chute. Ce qui vient de se passer n’est qu’un modeste accident de parcours. Il y en aura d’autres et ce n’est pas ce qui va m’arrĂŞter ! Je serre les dents et rĂ©ussis Ă  essuyer le sang de la plaie dans les cheveux. Je pense Ă  la musique de la « Symphonie Fantastique Â» d’Hector Berlioz. Oui, je me relèverai !
En m’appuyant contre les cloisons, je regagne avec lenteur ma place en bas des escaliers. D’abord avec la main gauche qui fonctionne très bien, avec sa prĂ©cision habituelle, celle du musicien, puis avec l’autre toujours aussi lourde et « douloureuse Â» quand je la dĂ©place. Ce n’est pas une douleur Ă  proprement parler puisque la totalitĂ© de ma moitiĂ© droite est insensible, c’est une sensation bizarre, diffuse, un peu comme l’impression de brĂ»lures.
Ma vue se trouble, je vois Ă  travers un brouillard. La tĂŞte me tourne. Est-ce un effet de la tension qui serait remontĂ©e malgrĂ© le traitement de cheval qu’on m’inflige ? J’avais eu la mĂŞme sensation ce matin pendant mes travaux d’écriture. Serait-ce qu’une nouvelle attaque se prĂ©pare un peu comme les rĂ©pliques d’un tremblement de terre ? J’en ai froid dans le dos. Ma jambe solide flageole tandis que le flou s’accentue autour de moi. J’ai l’impression de flotter au milieu d’un nuage. Alors, j’essaie d’analyser mes sensations, comme pour y trouver une bonne raison de croire que ce n’est qu’un malaise passager. Je sens mon cĹ“ur battre très fort. Serait-ce qu’il manque d’oxygène, de sang frais Ă  cause d’une artère bouchĂ©e. Après l’AVC, ne suis-je pas en train de prĂ©parer un infarctus ?
Je réussis à m’asseoir sur la première marche en me demandant si je dois appeler les urgences. Quelque chose me retient, comme une honte, celle de l’écolier qui n’a pas suivi les conseils du maître et le regrette. Si je suis ici, sans assistance, c’est bien que je l’ai voulu. Dans la maison de rééducation, j’aurais été surveillé, à l’abri de tout accident. J’entends une voiture s’arrêter devant le portail. Pourvu que ce ne soit pas Florence ! Non, ce n’est pas sa manière d’accélérer en faisant une marche arrière. Mon oreille de musicien est fort heureusement restée intacte et reconnaît une quantité considérable de sons. Une portière claque. Mon malaise aussitôt se dissipe un peu. C’est Jean Pierre, le voisin, donc aucun risque pour moi. Je vois toujours flou, mais je sens que ça va mieux.
Je retourne dans la salle de bain pour me passer de nouveau un gant de toilette sur le sang qui a recoulé et je décide de retourner m’allonger. Je suis complètement perclus. Après l’exercice raté de l’escalier, après la chute, j’ai mal partout, enfin dans ma moitié gauche. Pour la droite c’est toujours la même sensation de lourdeur, de malaise diffus plus désagréable qu’une véritable douleur. Cela m’exaspère.
Il me faut bien cinq minutes pour regagner la chambre et m’allonger sur le lit. J’aimerais rester assis, mais j’ai mal aux côtes, aux bras, aux jambes. Florence rentre quelques instants plus tard, et s’étonne de me trouver allongé. Elle remarque ma bosse sanguinolente.
« Qu’est-ce qui s’est passĂ© ? Â»
« Rien ! Â»
« Enfin, Michel, Dis-moi. Je veux savoir comment tu as fait cette bosse ? Tu es tombĂ©, c’est bien ça ? Â»
« Mais non, je me suis cognĂ© contre le coin de la table de nuit en voulant me coucher Â».
Elle ne me croit pas mais n’insiste pas. Elle monte Ă  l’étage et redescend portant deux tasses de cafĂ© sur un plateau. Je n’en ai pas envie, mais je me force Ă  en boire parce que c’est un acte ordinaire, banal qui me raccroche Ă  mon ancienne vie. Je m’assois, ce que j’arrive Ă  faire seul, malgrĂ© les douleurs de mes muscles. Je grimace et Florence me regarde avec circonspection. Elle tourne lentement la cuiller dans sa tasse et demande encore :
« Tu ne t’es pas blessĂ© en te cognant contre la table de nuit. Pourquoi tu ne me dis pas la vĂ©ritĂ© ? Â»
En face de mon mensonge qui cache ma faiblesse, mon Ă©chec, je rĂ©agis de la pire manière, donnant libre cours Ă  cette colère qui me comprime l’estomac depuis que je suis retournĂ© au lit, bien conscient de mon incapacitĂ©. Je crie :
« Je suis tombĂ©, voilĂ  la vĂ©ritĂ© ! Je suis tombĂ©, comme cela peut arriver Ă  qui se prend les pieds dans le tapis ! Â»