Entre la musique et la peinture, il existe des affinités saisissantes comme le rythme, le ton, l'harmonie, la gamme, la composition.
La partition même est une peinture, un dessin savant que seuls ceux qui en possèdent la clef sont capables d‘entendre par le regard.
Explorant cette noble alliance qui apparente la musique à la peinture, Michel HILGER "l'altiste peintre", comme il se définit lui—même, nous dit: "Lorsque je peins, j'entends de la musique, et lorsque je joue de l'alto, ou je compose, je vois des couleurs.“
Dès lors, nous pouvons contempler l‘ensemble de la peinture de Michel HILGER en l'écoutant. Son originalité tient précisément à la manière complètement libre avec laquelle il joue la gamme chromatique. Il en résulte ce qu'en musique nous appelons "variations sur un même thème": "Je pars généralement d'une base de trois couleurs", nous dit-il, "pour en tirer le plus de dégradés possibles en vue d'un maximum d'effets".
Plus auditive que rétinienne, l'organisation des couleurs diffuse l'intensité d'un sentiment romantique. Comme en musique, les couleurs vibrent selon des modulations qui vont du "forte" au "pianissimo", du "staccato" au "legato", etc..
La peinture de Michel HILGER est une peinture en mouvement.
Le thème de ses toiles est la figuration d'un prétexte immatériel, l'attrait instantané de mots poétisés, comme leur titre l'indique: "Tendre nature", "Nu fantasque", "Souffle et danse", "Extase".
Michel HILGER n'est pas un peintre de plein air. Il travaille de mémoire en recréant la vision qu'il conçoit mentalement à l'avance. Ses marines peuvent être bleues, mais aussi rouges et tourmentées, vertes et agressives, expressives comme dans "Attaque de missiles sur Riga". Ailleurs, comme dans "La conversion de St Paul", la figuration s'estompe en faveur d'une abstraction symbolique qui trahit une quête spirituelle sincère.
Si, en musique, il existe cette notion qui définit une manière de chanter, "il parlar cantando", le "parler chanter", nous dirons des toiles de Michel HILGER qu'elles sont pour lui un "cantar dipingendo", un "chant peint."
Eliane LAMY, critique d’art, mai 1996