L'araignée rouge est une fiction chorégraphique de Béatrice Rey mise en musique par Michel Hilger et Eric Couëffé (membres du Quintette de France) sur une idée originale de Michelle Reich avec une mise en scène de Jean-Yves Pouchoux.
Pour écouter la musique originale de l'Araignée rouge sur Radio'Paradise, cliquez ici.
Présentation générale du contexte de l'œuvre
L'effondrement d'un certain communisme en tant que modèle politique et économique est un événement historique spectaculaire, d'autant qu'il survient soudaiement de façon tout à fait imprévisible.
Est-ce pour autant que les valeurs occidentales construites sur le libéralisme et le capitalisme se verront glorifiées et élevées au rang de solution unique ?
Rien n'est moin sûr, car le signe le plus caractéristique de notre époque est la recherche d'assises nouvelles, le refus des vérités établies, le besoin viscéral de trouver d'autres équilibres, d'autres harmonies, rétablissant l'homme dans un environnement plus conforme à sa nature profonde.
Cette fin de siècle, cette fin de millénaire, est une période extraordinaire de profonde mutation où chacun se sent concerné.
Pour l'instant seuls les dangers se précisent, se dévoilent de plus en plus oppressants, générateurs d'angoisses, de doutes et de craintes sur l'avenir de l'humanité elle-même.
Toutes les entités sociales ou individuelles traveillent sur la problématique posée, sachant pertinemment que seuls les peuples détiennent la puissance nécessaire pour peser sur le cours des événements.
L'art doit participer lui-aussi à cette grande aventure.
C'est même lui qui pourra sensibiliser et mobiliser les énergies nécessaires pour affronter cette vaste mutation déjà enclenchée.
La danse particulièrement se doit de retrouver sa signification première, primordiale, essentielle telle que la nature et les Dieux la lui ont assignée : quand les mots ne suffisent plus, la danse intervient car elle est la manifestation de l'instinct de vie.
Elle seule permet d'insuffler à toute créature cette fièvre, cette frénésie qui n'a qu'un seul but : retrouver l'harmonie originelle où corps et âmes, créateur et création, visible et invisible, se rejoignent et se fondent en une extase unique.
Depuis l'aube de la civilisation, quelles que soient les aires culturelles, la danse a toujours représenté pour l'homme l'expression d'un besoin fondamental : s'affranchir du temps, du périssable, de la mort.
La danse peut être ressentie comme une prière, une épreuve mystique ou cosmique mais elle possède aussi de fantastiques vertus curatives. La médecine moderne commence à le redécouvrir.
Par ses extraordinaires possibilités d'expression, la danse est encore théâtre, symboliste certes, mais capable de générer une sorte de fusion dans un même phénomène vibratoire, esthétique, émotif, érotique, religieux ou mystique, comme un retour à la conscience universelle d'où tout émane, où tout revient, par un incessant va et vient de l'énergie vitale.
C'est ainsi qu'en Inde, dans le bouddhisme tantrique, le maître du mouvement vital, cëeateur, intellectuel et spirituel, porte le nom de «Seigneur de la Danse».
Le monde animal démontre en permanence combien la danse est un mode de communication universel et naturel.
En Afrique, très proche de cet universalisme, la danse est avant tout une extraversion ancestrale.
Toujours par ce refus des limites temporelles dans lesquelles la nature l'a enfermé, l'africain manifeste sa soif de liberté par la forme la plus dramatique de son expression culturelle et mystique : la danse.
L'Araignée Rouge propose une fiction chorégraphique originale qui, sur un fond d'actualité contemporaine, renoue avec la puissance suggestive d'un art ancestral porteur de transcendance, d'espoir, de joie et de plénitude.
Déroulement du scénario
La fiction chorégraphique de l'Araignée Rouge se déroulera en trois phases.
Premier temps
C'est celui de la confusion des hommes d'aujourd'hui, l'illustration violente et déchaînée des passions malsaines, de la démence active ou latente, de l'égoïsme exacerbé, de l'attirance vers la puissance de destruction.
Dans ce premier acte, le public doit reconnaître l'environnement de notre époque. La danse, la musique et l'image doivent irrésistiblement entrer en résonance avec les angoisses, les doites, les pulsions de chacun.
La dominance du spectacle est assurée par les rythmes agressifs d'une musique qui dirige l'enchaînement des images et d'une chorégraphie envouûtante.
Les danseurs sont des silhouettes anonymes qui se découpent sur un mur d'images saccadées. Le montage des images suit parfaitement les rythmes musicaux. Il est fait à partir de vues d'aujourd'hui sur les maux les plus violents ou les plus suggestifs de notre époque. L'émotivité première recherchées est une forme d'angoisse.
Deuxième temps
L'Araignée Rouge intervient, parée de rouge sombre, le mur d'images se laisse envahir par un rouge sombre uniforme qui masque de plus en plus le montage des vues.
La musique doit illustrer l'intervention des forces vitales venues du cosmos par l'Araignée mais aussi le combat chorégraphique engagé contre le personnage principal (l'araignée) et les silhouettes anonymes manipulées par les forces du mal.
L'Araignée capture ses proies non pas pour les dévorer, mais pour les regénérer et les sauver.
Troisième temps
C'est l'harmonie retrouvée. L'Araignée est alors devenue rouge vif, éclatante comme la vie qui se répand à nouveau sur la scène, qui envahit tout, l'image, les danseurs qui retrouvent forme humaine, visages rayonnants.
La musique exprimme la paix, la joie, l'exhubérance d'une vitalité retrouvée.
L'amour retrouve sa place, la communion avec le public devrait atteindre son apogée.