Jacynthe Brochard est étudiante en musicologie à la Sorbonne : elle interroge Michel Hilger et Gisèle Gérard-Tolini à propos de leur profession de musicien.
- Jacynthe : Quelle est votre profession ? Si vous avez plusieurs activités, pouvez-vous les citer dans l’ordre d’importance et la raison pour laquelle votre activité est diversifiée.
- Michel Hilger : Je suis « l’Altiste-Peintre », c’est ce qui me qualifie le mieux. En fait, j’ai une activité pluridisciplinaire dans l’art. Tout Jeune, dès mon arrivée chez les Hilger, tous mes entourages ont vu que j’avais des dons créatifs et artistiques très variés, et je ne pouvait pas faire de choix. Grâce à mes parents, j’ai pu faire des études et continuer à pratiquer toutes mes passions (musique, peinture, poésie,...).
- Gisèle Gérard-Tolini : Je suis chef d’orchestre, compositeur, arrangeur et orchestrateur.
- Jacynthe : Nous allons principalement parler de votre activité de compositeur-arrangeur. Brièvement, en quoi consiste-t-elle ? Pouvez-vous détailler une journée de travail par
- exemple ?
- MH : Je compose, j'écris, je peins et j'arrange depuis tout jeune. À partir de 18 ans j'ai eu l'opportunité de travailler pour des producteurs, pour des sociétés de publicité, j’ai fait et arrangé beaucoup de musique pour des parfums, par exemple. J’aime beaucoup et particulièrement « orchestrer » et les mélodies ou les thèmes musicaux. J’ai aussi arrangé, finalisé ou réalisé de nombreuses musiques pour des auteurs, chanteurs compositeurs connus : par exemple Michel Sardou, Didier Barbelivien, Jean-Jacques Goldman et j’ai travaillé aussi régulièrement par exemple avec Vladimir Cosma, Michel Legrand. Détailler une journée de travail serait très difficile, je fais énormément de choses, entre la composition, l’enseignement , la peinture, le directions artistique, de mes choristes, etc.. Je vis à vive allure et en entrepreneur passionné mes "Thèmes et Variations".
- GGT : On va séparer les deux, car on peut être arrangeur sans être compositeur et compositeur sans forcément être arrangeur, même si c’est moins courant. L’arrangement consiste à partir d’un thème d’une autre personne ou de son propre thème et d’en faire une sorte de canevas musical. La composition part de rien, on développe une idée. Je compose et orchestre beaucoup de musique pour le cinéma. On peut citer par exemple « Benoît Brisefer : Les Taxis Rouge », « Le Voyage de Fanny » pour l’orchestration et l’arrangement, et « Les Insatiables », pour la composition.
- Jacynthe : Quels sont les études, diplômes, précédentes professions qui vous ont conduit au métier que vous exercez actuellement ?
- MH : Comme j’ai énormément d’activités mais qu’en France, il faut avoir un diplôme pour être « reconnu » et « accepté », obtenir des "postes officiels", j'ai voulu obtenir des
- diplômes dans toutes mes activités. J’ai étudié à « l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris » (Sorbonne) section Histoire et Philologie pour préparer ma thèse sous la direction de François Lesure (1988 à 1989). J’ai étudié l’Alto, le piano et fait des études théoriques (solfège, déchiffrage, harmonie et écriture, analyse musicale, histoire de la musique, organologie, musique de chambre ) aux CNR de Saint Maur puis d’Aubervilliers La Courneuve (Prix Supérieurs obtenus) puis une fois rentré à « l'Orchestre de La Garde Républicaine de Paris », j'ai suivi également les cours d’orchestration et de composition dans la classe de Roger Boutry au CNSMDP, Mademoiselle Francoise Gervais, assistante d'Olivier Messiaen, et de direction d'orchestre avec Jean Sébastien Berreau et fait aussi des études de psychopédagogie.
- GGT : J’ai un gros parcours de classique conservatoire . J’ai été élève au CNSMDP et diplômée en harmonie, contrepoint, fugue, analyse et orchestration. Maintenant je fais beaucoup d’arrangements et d’orchestrations en musique de film, mais j’avais besoin de ce gros parcours en conservatoire.
- Jacynthe : D’après vous, quelles sont les qualités et compétences nécessaires à votre profession ?
- MH : D’après moi, la patience, la persévérance méthodique et l'anticipation du résultat escompté. Déjà , pour être altiste, il faut être très très patient et ne pas se décourager
- facilement. Si non on casse l'instrument au bout de cinq minutes, ça ne marchera pas. De l'assiduité, de l'opiniâtreté car on ne peut pas être compositeur ou instrumentiste sans aller jusqu’au bout sans ménagement. En effet, on ne peut pas « compter chaque note », chaque coup d’archet ni les nombres de fois où j'ai répété. C'est cette « méthode » artisanale et besogneuse que j'ai utilisée pour ma rééducation après AVC et hémiplégie. Ce que j'explique dans mon livre témoignage « La mort attendra ».
- GGT : En musique de film, il faut être extrêmement rapide, savoir entendre sans le support d’un instrument, ce qui permet de travailler n’importe où. Quand on est arrangeur, il faut être très à l’écoute du compositeur, et de ce qu’il attends et des directions qu’il veut faire prendre à sa musique. Il ne faut surtout pas trahir sa propre musique dans les arrangements qu’on fait pour un autre compositeur.
- Jacynthe : Pourriez-vous m’indiquer une autre personne exerçant une activité semblable à la vôtre ?
- MH : Je ne pourrai pas vraiment citer des personnes exerçant actuellement une activité professionnelle aussi multiple que la mienne, mais il y a eu des personnes qui étaient altiste et peintre dans le passé et qui sont des modèles en quelque sorte: Paul Hindemith, Paul Klee, Marc Chagall et Toffoli (violon) que j'ai connu personnellement.
- GGT : Dans le domaine de la composition de musique de film, je pourrais citer Mathieu Alvado et Marie-Jeanne Séréro.