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Presentation of the book «Death will wait» by Gilbert Bordes

Dans une série de vidéos réalisée avec l'éditeur Belfond et publiée sur YouTube, Gilbert Bordes, écrivain et luthier, présente le livre "La mort attendra" dont il est co-auteur avec Michel Hilger. Il nous explique sa rencontre avec Michel et sa collaboration pour l'écriture du livre.

Vous pouvez visualiser ces vidéos sur YouTube ou retrouver la retranscription de la présentation de Gilbert Bordes sur cette page.

Si vous êtes aussi intéressé par l'activité de luthier de Gilbert Bordes, vous pouvez consulter son site web (et peut être lui commander un violon, qui sait, voire un altocelle).

Michel Hilger teste un altocelle avec Gilbert Bordes

1ère vidéo : présentation de «La mort attendra»

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Alors ce livre est une leçon d'espoir. J'ai rencontré Michel Hilger pour la lutherie, pour la musique, et il m'a raconté son histoire. Son histoire elle est double, mais la plus importante, c'est l'histoire de son AVC. Premier AVC fait en plein concert à Angoulême : il s'en ressort, il repart à Paris, tout va bien. Deuxième AVC : là il est laissé pour mort puis il renaît bien sûr, sauf que lui, il est altiste professionnel et la moitié de son corps est paralysée et très peu sensible. Son but a été aussitôt de pouvoir récupérer toutes ses aptitudes ; et la musique c'est quelque chose d'extrêmement précis. Et il a donc travaillé pendant une année. Il a refusé d'aller dans une maison de rééducation. Il a fait cette rééducation seul chez lui. Et très franchement, c'est un exemple pusqu'il nous a montré que pour la guérison les autres pouvaient nous aider mais que le ressort essentiel, il est en nous et il suffit de savoir l'activer.

Ce que j'ai voulu surtout faire, c'est rester très proche de l'exemple qui est un exemple vrai, c'est-à-dire que je ne suis pas allé chercher d'autres histoires, c'est celle de Michel qui m'a occupé tout le temps. Tout simplement parce que il y a tout là dedans. Il a démontré que lui en tant que musicien professionel avait acquis un certain nombre de réflexes, un certain nombre d'habitudes mais très précises, ce sont toujours des gestes d'une infime précision. Michel a réussi mais parce qu'il était musicien de haut niveau, tous ces gestes étaient dans son cerveau mais la transmission ne se faisait plus mais le travail a été de rétablir cette transmission. Il faut dire que Michel a la foi et il a le sentiment d'être né pour aider les autres, pour donner aux autres et il ne peut donner que ce qu'il possède, c'est-à-dire la musique et donc pour lui c'était essentiel de retrouver son niveau ce qu'il a réussi à faire en une année à peu près. Mais ce que je veux dire aussi c'est que ce retour à la vie et à un niveau élevé de musique n'est pas quelque chose de gagné, tout le temps c'est quelque chose qu'il doit constamment retravailler. Tous les matins pendant une heure ou deux, il a des exercices très précis, toujours pour conserver ce qu'il a pu réconquérir sur lui-même.

2ème vidéo : la musique et l'écriture, deux passions qui guérissent

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Je fais deux métiers : le matin j'écris et l'après-midi, je suis dans mon atelier, je construis des instruments de musique. Alors on pourrait se demander : pourquoi ? Et bien tout simplement parce que les deux choses se ressemblent dans l'insatisfaction permanente. L'auteur écrit un roman, il sait jamais si le roman est bien ou mauvais. En tout cas, il est toujours insatisfait de ce qu'il a fait, s'il était content c'est que ce n'est pas bon. Le luthier, c'est exactement la même chose. Il construit un violon avec des bois mais il ne sait jamais ce qu'il va obtenir. En écriture, il y a toujours le mystère des personnages qui reste, en lutherie, il y a toujours le bois qui conserve ses secrets et qui ne les livre qu'à regret. Le roman s'adresse à l'âme humaine et le luthier aussi s'adresse à l'âme humaine par l'intermédiaire de la musique. Parce que par la lutherie, je peux jouer une musique que je suis incapable de jouer mais par l'intermédiaire des musiciens ; et quand ils jouent un instrument à moi, et bien c'est un peu cette musique qui est la mienne.

Alors je pense que ceux qui ont la chance d'avoir une passion - comme moi pour la lutherie, comme Michel pour la musique, mais c'est la même chose - ; quand on a une passion on ne peut pas vivre sans elle ; on imagine difficilement la vie autrement et donc ça permet probablement de mobiliser des forces qui sont en nous et qu'on ignore complètement. La guérison - et Michel le dit et il a raison, j'en suis sûr maintenant - ne se trouve pas dans les recettes des médecins, alors ça aide évidemment mais ce n'est pas suffisant. Toutes ces recettes ne peuvent fonctionner que si on va cherche au fond de soi la force de vivre et cette force de vie, nous l'avons tous. Il suffit de pouvoir la mobiliser.

3ème vidéo : quand la réalité dépasse la fiction

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Dans ce cas très particulier, il y avait l'exemple absolument extraordinaire qu'est Michel, un exemple d'espoir que j'avais envie de faire connaître aux autres. Mais il y a aussi autre chose, il y a un autre aspect de la personnalité de Michel : c'est que c'est une personnage totalement atypique dans la mesure (il n'a pas loin de 50 ans) où il ne sait pas où il est né, il ne connaît pas exactement son âge et il ne sait rien de ses parents. C'est ce côté totalement mystérieux qui m'a intéressé parce que d'autant plus qu'il est pupille de la nation et il n'a jamais pu rien savoir sur ses origines. Alors cette manuière dont il en parle moi m'a fasciné parce que c'est quand même un sujet de roman. Et même je crois que si j'étais allé voir mon éditeur en lui disant "je veux raconter l'histoire d'un personnage contemporain qui ne sait rien de lui", on m'aurait rigolé au nez en me disant : "c'est absolument impossible". Et bien si c'est vrai ! Ah c'est un roman ! Simplement Michel chez lui de retour de l'hôpital devant faire les trois mètres qui le séparent de son lit des toilettes, parce qu'il y a des obligations comme celles-là, et attendant que tout le monde soit parti parce qu'il ne voulait pas se montrer dans quelque chose d'humiliant et allant aux toilettes en rampant ; c'est quelque chose aussi d'extraordinaire qui demande un courage, qui démande une abnégation totale.